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L’objectif ultime de la Chine : la destruction et l’éradication de toutes les religions


- Le Vatican renouvelle un accord vieux de deux ans avec le PCC, qui offre au gouvernement chinois un rôle dans la nomination des évêques catholiques dans ce pays. Pouvez-vous me dire en quoi cet accord aggrave la situation à laquelle sont confrontés les fidèles catholiques ?


Dr. Massimo Introvigne

Introvigne est un sociologue italien, spécialiste des religions et rédacteur en chef du quotidien sur la liberté religieuse en Chine, « Bitter Winter (Hiver amer) ».



Dr. Introvigne : Je partage l'opinion de nombreux autres spécialistes de la religion chinoise, selon laquelle les résultats de cet accord ont été négatifs. À son crédit toutefois, comme l'a noté le Vatican, on ne trouve plus désormais d'évêques « schismatiques » en Chine, car tous les évêques catholiques affiliés à l'Association catholique patriotique chinoise CPCA dirigée par le parti communiste sont désormais reconnus par le Saint-Siège. Le Vatican a également suggéré que tous les évêques, prêtres et laïcs affiliés à la CPCA, mais également ceux qui refusent de s’y associer pour des raisons de conscience, ne sont pas des « rebelles » et font toujours partie de l'Église catholique. Il a aussi demandé aux autorités communistes chinoises de les « respecter ». En pratique cependant, ces objecteurs de conscience ne sont pas respectés, mais jetés en prison. Il est également vrai que l'Église catholique de Chine perd des fidèles du fait que bon nombre de catholiques la considèrent comme alignée sur le régime et ne l'apprécient pas pour cette raison.


Mon avis comporte cependant une nuance. Je connais assez bien la diplomatie du Vatican pour comprendre qu'ils se soucient moins de ce qui se passe dans les deux, cinq ou dix ans à venir. Les officiers du Vatican ne sont pas élus et n'ont donc pas à répondre à des électeurs. Ils peuvent dès lors se permettre le luxe de penser en termes de plusieurs décennies, voire plusieurs siècles à compter d’aujourd’hui. Leur problème n'est pas de savoir quel effet l'accord a eu dans deux ans ou aura dans les deux prochaines années, mais quel effet il aura dans cinquante, cent ou deux cents ans. Ils comprennent qu’il a débouché sur des effets négatifs à court terme, mais espèrent qu'il en ira autrement à long ou très long terme.



- De plus, le Vatican a rejeté la demande de Mike Pompeo sollicitant une audience du pape François et a accusé le secrétaire d'État d'avoir tenté d'entraîner l'Église catholique dans l'élection présidentielle américaine en dénonçant ses relations avec la Chine. Pourriez-vous partager avec nous votre point de vue sur cette question ?


Dr Introvigne : De nombreux médias internationaux ne comprennent pas le pape François. Il est devenu prêtre sur le tard de sa vie, après avoir milité dans sa jeunesse pour le parti populiste péroniste en Argentine. Ce parti peut être qualifié de droite par certains aspects ou de gauche pour certains autres, mais ce qui le distingue est principalement sa haine pour les États-Unis. Même une fois devenu prêtre puis évêque, le futur pape François a continué à faire des remarques très hostiles sur les États-Unis. Il appartient à une école de pensée qui aime à rappeler en Amérique latine que les Latino-Américains et les États-Unis sont « de bons voisins », au sens où « les Latino-Américains seraient bons, tandis que les Américains des États-Unis sont leurs voisins par défaut ».


Si l'on ne comprend pas ce fond anti-américain très ancré chez le Pape François, on commet des erreurs d'interprétation. Il croit que la puissance hégémonique des États-Unis est une honte pour le monde et que tout ce qui peut lui nuire, y compris la Chine communiste, est d'une certaine manière bienvenu pour le reste du monde.



- En Chine, même le contenu de la Bible a été déformé au point d’affirmer que Marie-Madeleine aurait été lapidée par Jésus-Christ. La sinisation du christianisme dure depuis longtemps, mais ce niveau de sinisation marque une rupture décisive avec les actes répréhensibles du passé ainsi qu’un coup dur pour les chrétiens de Chine dont le fond de la croyance se trouverait blessée. Qu’en pensez-vous ?


Dr Introvigne : Il ne fait aucun doute que la Chine de Xi Jinping traverse la période la plus antireligieuse de son histoire, depuis la fin de la Révolution culturelle. La sinisation n'est qu'une étape, sur la voie de la destruction et de l'éradication de toutes les religions. Même la religion contrôlée par l'État vit une existence précaire.



En Chine, c’est l'État, c'est-à-dire son gouvernement qui exerce une autorité sur les églises. Alors que, dans les pays démocratiques, les églises détiennent une autorité supérieure à celle des institutions laïques dont font partie les gouvernements. Que pensez-vous du point de vue de la Chine sur l’État et l’Église ?


Dr Introvigne : En fin de compte, la religion de la Chine est le communisme interprété à la manière de Xi Jinping. Il n'y a pas de dieu plus élevé que lui. La religion est considérée dans ce pays comme un ennui passager, voué à disparaître avec la mise en œuvre par Xi Jinping d’un socialisme aux caractéristiques chinoises.



Le Vatican a assoupli sa politique envers la Chine au cours de cette décennie. Je me demandais ce qui l’avait conduit sur cette voie.


Dr Introvigne : L'alternative pour le Vatican était une Église chinoise totalement clandestine et persécutée ou de nouveaux compromis. Il a fallu choisir la deuxième voie. Elle s'appuie sur son expérience du Vietnam, convaincue qu'en s’accrochant à un compromis de fait, l'Église catholique pourra ouvrir peu à peu davantage d'espaces de vie et de liberté. Comme je l'ai indiqué, elle s'attend à des retombées d’ici plusieurs décennies ou siècles. Je ne suis pas sûr du résultat, car le Vietnam est bien différent de la Chine.



Au Japon, beaucoup ont tendance à se moquer de la foi en Dieu. Pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de la signification de la Foi et de son pouvoir ?


Dr Introvigne : La Foi va et vient. On nous annonce régulièrement la mort de Dieu, jusqu’à ce que les médias nous parlent du « retour de Dieu » ou des « dangers du fondamentalisme ». La religion ne disparaîtra jamais mais elle peut changer, certaines religions plus anciennes peuvent perdre de leur envergure tandis que de nouvelles religions peuvent aussi se développer.



Source : http://eng.the-liberty.com/2021/8190/

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