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Google a vendu son âme à la Chine. Et voici pourquoi.

L’Intelligence Artificielle de Google utilisée par la Chine

pour contrôler l'opinion publique mondiale

(Interviewer : Satoshi Nishihata)

Nous avons interrogé un expert en sécurité américain, alerté par les ambitions du gouvernement chinois, qui a prévenu très tôt du danger que Huawei faisait peser sur Google dans son approche de la Chine.

Robert S. Spalding III : Il a occupé pendant plus de 26 ans divers postes de direction stratégique et de diplomatie au sein des départements d'État et de la Défense des États-Unis, avant de se retirer avec le grade de brigadier général. Il a été le premier architecte de la stratégie de sécurité nationale NSS de l’administration Trump, le pilier de la défense nationale américaine, et le directeur principal de la stratégie auprès du président du Conseil de sécurité nationale NSC. Il est aussi titulaire d'un doctorat en économie et en mathématiques de l'Université du Missouri.


――En 2010, Google s'est retiré de la Chine, refusant de censurer les résultats de recherches et de pirater Gmail. Mais il a été rapporté depuis que Google avait conçu le projet Dragonfly. Google envisagerait de retourner en Chine. L’énorme marché chinois est-il attrayant au point qu’ils ne puissent pas résister ?


Gen. Spalding : Oui, je pense que c’est tout aussi symptomatique que ces entreprises américaines qui se sont détournées du leadership moral qu’elles exerçaient à travers le monde, parce que le Parti communiste chinois les a incitées financièrement à le faire. Cette démarche s’inscrit donc dans la dégradation mondiale des droits de l'homme, des libertés civiles et des principes démocratiques, du fait que nous avons introduit dans l'ordre international un régime totalitaire, à qui nous avons permis de manipuler les entreprises, les institutions financières, les organisations politiques nationales et internationales en raison de leur capacité d’accès aux finances, au commerce et à une économie sans frontières.


――Certaines personnes affirment qu’il n’y avait rien de plus naturel que de s’intéresser à la Chine pour toutes les entreprises en quête d’un bénéfice. Mais en quoi prospecter la Chine peut-il constituer une menace pour la sécurité nationale des États-Unis ?


Gen. Spalding : En raison des demandes spécifiques que le Parti communiste chinois impose comme conditions d’accès aux marchés et à l’argent chinois… Il exige que vous vous conformiez aux intérêts du Parti communiste chinois PCC. Et c’est là un moyen d'éroder lentement l'ordre international qui consiste à inciter hommes d'affaires et dirigeants financiers à abandonner les principes démocratiques libéraux pour faire des affaires avec le Parti communiste chinois, en les impliquant indirectement dans des formes de travail forcé, de censure, etc.


――Et dans le cas plus particulier des Big Tech companies comme Google qui s’intéressent à la Chine, quelle sorte de problèmes ces entreprises vont-elles rencontrer ?


Gen. Spalding : Ce que l’on peut s’attendre à voir dans le monde, et que vous avez déjà vu, c’est la prolongation de la violation de toute forme de censure de la liberté de religion. Des politiques économiques et commerciales mercantilistes poursuivent là leur développement. Il s’agit donc en réalité d’une érosion des principes sur lesquels l’ordre démocratique libéral s’est fondé. Et j’observe le même phénomène dans des institutions comme la Banque mondiale, les Nations-Unies, l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation mondiale du commerce : nous assistons à l’érosion de ces institutions et au déplacement de leurs principes démocratiques libéraux vers des tendances plus autoritaires, dictées par les intérêts du Parti communiste chinois.


Le projet de reprise de Google par le PCC


―― Comme vous le savez, Google a ouvert dès 2017 un centre de recherche sur l'IA à Pékin. Ce centre a collaboré avec l'Université Tsinghua de Pékin, qui entretient des liens étroits avec l'Armée Populaire de la Libération APL. Dans votre entretien avec Mme Simone Gao en 2019, vous avez déclaré que ce centre d'IA pouvait soutenir des organisations telles que le Département du front uni du travail du Parti communiste chinois (United Front Work Department). Que vise le PCC par une coopération avec Google sur l’IA ?


Gen. Spalding : Ce que le PCC cherche à obtenir des pays libres, c'est l'innovation, la technologie, le talent et leur capital. Et il en va de même pour la collaboration avec Google qui réunit les mêmes ingrédients : technologie, innovation, talent et parfois capital. C'est donc comme une prime, ces quatre choses expriment la générosité d'une société libre. Et nous avons accordé au Parti communiste chinois le libre droit de récolter ces fruits, malgré toute sa détermination à détruire le système qui les fournit.


――« Le Parti communiste chinois a déjà mis en place le système de surveillance de masse le plus avancé, basé en interne sur l'IA. Quel type de technologie le PCC essaie-t-il d'obtenir de Google ?


Gen. Spalding : Ce sont tout d’abord des algorithmes avancés, l'apprentissage automatique et l'intelligence artificielle qui peuvent être appliqués à un très grand flux de données (stockées à l’état de données brutes) que la Chine entretient. Et ce que le Parti communiste chinois tente de faire, c’est de devenir l’Arabie saoudite des données (l’Arabie saoudite est fière de détenir les plus grandes réserves et la plus grande production de pétrole brut au monde). Et fort de ces données, l'idée est de les utiliser pour mettre au point une intelligence artificielle avancée. C’est pourquoi ils attendent de Google, Facebook et d'autres grandes entreprises technologiques des États-Unis de les aider à développer cette technologie, avant d’acquérir des entreprises, telles que Baidu, Alibaba et Tencent, ainsi que d'autres entreprises technologiques chinoises, afin de dominer le marché mondial.


―― Si le PCC obtient la technologie de l’IA détenue par Google, dans quelle direction pourraient évoluer la capacité militaire de l'APL et le système de surveillance de masse du PCC ?


Gen. Spalding : Leurs capacités sont déjà bien supérieures à celles de n'importe quelle société démocratique, en termes de manipulation des citoyens issus de sociétés libres. Ils ont donc déjà la capacité formidable d’influencer notre population en utilisant les outils de la Silicon Valley, et c’est ce qui est le plus dangereux. Bien sûr, leur armée est dangereuse, mais je suis beaucoup plus préoccupé par la puissance de leurs grandes entreprises technologiques, combinée à toutes les données qu'elles collectent et au savoir-faire de nos entreprises de la haute technologie.


L'IA commerciale devient une arme destructrice au service de l'Armée populaire de libération


――En mars 2019, les hauts responsables du Pentagone ont critiqué Google pour son travail en Chine, affirmant qu’il profitait indirectement à l'armée chinoise. Pouvez-vous nous expliquer ce que veut dire « bénéficier indirectement » ? Quels sont les avantages de Google pour l'armée chinoise ?


Gen. Spalding : Il s'agit d'aider à améliorer l'intelligence artificielle - afin de lui permettre d’identifier des cibles. Elle peut être employée afin de diriger des systèmes autonomes [pour piloter des aéronefs ou des bateaux non habités]. Et je pense que c’est une préoccupation du Département de la Défense : c’est la même intelligence artificielle qui sert aux voitures autonomes et à d’autres technologies commerciales, qui peut être appliquée aux champs de bataille.


―― Mme. Fei-Fei Li, qui dirigeait le centre de recherche sur l'IA de Google à Pékin, a quitté Google après une controverse sur l'utilisation de la technologie de l'IA de son entreprise et un accord avec le Pentagone. Elle a rejeté les demandes militaires relatives à l'IA. Cependant, même sans travailler pour le Pentagone, elle a ouvert le centre de recherche sur l’IA à Pékin et collaboré avec l’université Tsinghua de Pékin. Cela signifie qu'elle a peut-être soutenu le développement militaire chinois. Comment percevez-vous cette contradiction?


Gen. Spalding : Sans aucun doute. Absolument, bien sûr, car le civil et le militaire ont fusionné chez eux. Toutes les entreprises commerciales privées de Chine doivent légalement soutenir leur armée.


―― Si une nation totalitaire traite avec des entreprises de la Big Tech et s’empare du contrôle de toutes les données collectées par ces entreprises, à quoi peut-on s’attendre ensuite ?


Gen. Spalding : Un monde autoritaire. Nous commençons déjà à voir de tels éléments commencer à prendre racine dans les démocraties. C’est déjà le cas.


―― Alors ça se passe déjà aux États-Unis, vous croyez ?


Gen. Spalding : Oui.


――Pensez-vous qu’un monde « dénué de vie privée », comme c’est le cas de la Chine contrôlée par le PCC, soit plus pratique pour les grandes entreprises technologiques ?


Gen. Spalding : Oui, bien sûr.


―― Plus pratique pour les grandes technologies?


Gen. Spalding : Oui. Comme vous le savez, les revenus de Google dépendent de la publicité. Et si Google veut augmenter ses revenus publicitaires, l’entreprise doit prédire plus précisément les intentions de ses consommateurs en se fondant sur le Big Data.


―― Nous nous sommes demandé si les entreprises de la Big Tech présentaient une affinité naturelle pour le totalitarisme du fait de leur propension à rassembler toutes les informations. Comment percevez-vous ce point ?


Gen. Spalding : Je pense que c’est exact.


―― Alors, comment pouvons-nous empêcher les grandes entreprises technologiques de travailler avec des nations totalitaires, et les encourager à mieux tirer partie de notre démocratie?


Gen. Spalding : En rendant une telle coopération illégale. Vous devez la rendre illégale. Ça ne s'arrêtera pas de manière volontaire et spontanée.



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